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Je suis celui qui ne suit pas.

11 juin 2009

08:30
Le train glisse grincant. Des centaines de voyageurs glissent et me regardent. Je suis celui qui reste. Je suis celui qui ne monte pas. Je suis celui qui ne suit pas. Je souris.

08:35
Nerveuse. Jeanne est nerveuse. Ses traits sont tendus. Pas de graisse. Que du sec. Elle ne fait rien. Elle attend. Elle ne profite pas. Elle subit. Ca l’enerve. Elle a tellement de choses a faire. Elle vient de deposer la poubelle en bas de l’immeuble, les enfants a l’ecole et ses deux jupes, beige et bleue, au teinturier. Elle a couru un peu sur la fin. Peur de rater ce train. Ensuite elle a une journee de folie parce que son chef est sympa mais soucieux pointilleux, et il va lui demander de refaire la presentation budgetaire au minimum 3 fois. Heureusement qu’elle ne mange pas a midi, sinon elle n’aurait pas le temps de tout faire. Elle hait le budget. Elle hait la cloture des comptes. Alors elle supporte comme elle peut, c’est a dire mal, ce train qui n’avance pas. Elle est les bras croises a regarder un peu les papiers que son voisin etale, un peu sa voisine qui s’endort elle, et surtout rien.

08:48
Nation est enfin vaincu. Jean et Paul viennent de monter. Jean, tout en noir, a pu s’asseoir. Paul reste debout a cote. C’est etrange cet amour retenu. Sans demonstration, si visible.

09:00
Sur le quai en face, Beatrice a l’air triste malgre son haut transparent, soutien-gorge apparant. A cote Hubert sourit avec son pull noir, devant damier jaune et noir.

Dans mon dos, en attendant que le trafic se regule, merci pour votre patience, nous ecoutons un intermede musical fort sympathique a la guitare seche, ma foi.

09:04
Nouveaute ratp. Nous sommes retardes a cause d’un malaise voyageur dans le train derriere nous. Fort!

09:08
Haaaa dopdopdopdop yyyyyyes!

partez en Guadeloupe ou en Creuse, mais laissez moi seul dans mon train.

16 février 2009

Vacances! Vacances!
Pas les miennes. Mais celles des autres me va. Partez en vacances. Aux Antilles, en Guadeloupe, en Creuse, en avion, au ski, dans les Vosges, et meme chez vous en Ile de France. Mais ne prenez pas le train. Laissez nous seuls, nous travailleurs. Laissez moi seul dans Mon train!

08:05
Je m’asseois. Savourant d’etre assis. Savourant d’ecrire ce mot.
Assis devant moi, dans joli costume, avec une fine surveste noire et une echarpe grise et bordeaux nouee autour du cou, john dort la tete posee sur son bonnet sur le mur, les oreilles musicalement parees. Il a l’air epuise. Au coin de son œil gauche ferme, un orgelet le defigure. Ses cils sont luisants de pus seche.

Les gens ont la meme tete que d’habitude a 07h. Endormie. Fatiguee.

Jeanne s’asseoit. Elle a le visage patate. Les cheveux decolores en epi sur le crane. Les cernes jusqu’au milieu des joues. Le fond de teint etale a coups de truelle. Jeanne a un sourire gentil sous le crepi.

08:22
Ligne 4. Les panneaux suspendus qui annoncent le delai des deux prochains trains, n’affichent que des tirets. Je me demande combien ca fait de temps un tiret.
Les voyageurs montent l’escalier, sortent des ouvertures, sortent de partout. Ils remplissent doucement mais inexorablement le quai. Heureusement le gentil train arrive avant que j’etouffe. Je me glisse dans ce magma, me pose dans un coin et regarde le reste du troupeau. Ils sont moches, beaux, noirs, blancs, jaunes ou multicolors. Ils sont en jean en robe en costume, assis ou debout. Avec de gros sacs ou les mains vides et les yeux brinquebalants.

08:35
Un peu rapide ce matin. Un peu faiblard. Rien de special.
Assis devant moi de l’autre cote du carre, Fabienne et Paul ne se connaissent pas et pourtant. Il lui a souri avant de s’asseoir. Elle regarde par dessus son epaule ce qu’il trafique son iphone avec son pouce qui s’agite. Elle tient dans sa main son propre iphone. Communaute? Ils vont bien ensemble. Ils font semblant et personne ne doit savoir qu’ils sont ensemble. Ils partagent tous les matins ce moment d’intimite. Leurs pieds bougent ensemble. Quand il est entre, ils ont tous les 2 mis le meme morceau. Il lui ecrit des messages d’amour sur son ecran qu’elle lit avidemment. Voila maintenant elle repond. Le doigt est plus lent. Fin a convention. Reprise des conventions. Fabienne sort sans un mot. Sans un sourire. Elle a ecrit : je t’aime pauv’ con. Mais notre amour est impossible. Adieu